Un port averti

Un port averti

Jamais ne s’illusionne

En s’attachant

Aux bateaux qui le regagnent

Ni à ceux qui l’abandonnent

Sous ses yeux

Certains s’embrassent

Pour se dire bonjour

D’autres s’enlacent

Pour se dire adieu

Que de traces et d’échos

Partis au fil de l’eau !

Que de songes lointains !

Que d’absence !

Jour et nuit

Il demeure

Fidèle à son poste

Mais face à l’océan

Au mystère immanent

Il déteste son ignorance

Maria Zaki (Poème inédit, 2024)

Bouffée d’air marin

Descendre lentement

De la falaise vers la mer

Sans penser avec frayeur

À l’écoulement de la vie

Ni à l’éphémère

Dans l’immensité

De la nature océane

Ne retenir que les reflets

D’or et d’argent

Qui viennent recouvrir

Les papillons noirs

De ses élucubrations

Et le corps tendu

Vers l’horizon

Sentir une bouffée

D’air marin

Pur et frais

Emplir ses poumons

Maria Zaki (Poème inédit, 2024)

Fidèle à toi-même / True to yourself

Je te souhaite d’être

Fidèle à toi-même

Même si cela

Ne va pas de soi

Fidèle à toi-même

Au sens strict

Essentiel

Loin du culte

De la personnalité

Mais dans la diversion des jours

Et leur prétendue diversité

Nul n’échappe à l’impression

De la dispersion de soi

Ne reste que la nécessité

Tangible d’œuvrer

Dans l’atelier collectif

Des peines et des joies

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I wish you will be

True to yourself

Even if it isn’t

Self-evident

True to your self

In the strictest

Most essential sense

Far from the cult

Of personality

But behind the screen

Of supposed daily variety

No self escapes the

Sense of scattering

There remains only

The tangible need to labor

On the common floor

Of sorrows and joys

Maria Zaki (Poème extrait du nouveau recueil bilingue « A mon fils » « To my son » traduction de Matthew Brauer, Ed. L’Harmattan, Paru le 26 octobre 2023)

À mesure de ta maturité / As you age

À mesure de ta maturité

Mon fils

Tu comprendras

Que ce qui nous manque

Détermine notre créativité

Que dans notre façon

D’appréhender la privation

La navigation s’opère entre

La mer des idées

Et le port de la réalité

Il est possible que le passé

Dont nous nous sommes

Habilement détachés

Nous visite parfois

Nous l’embarquerons

Alors

Vers des contrées

Qu’il ignore

Et dont nous sommes

Des artisans adroits

*********************

As you age

My son

You will understand

What we lack

Determines what we create

The way we

Know hardship

Navigating between

The sea of ideas

And the port of reality

It may be that the past

However deftly we have

Disentangled ourselves from it

Sometimes visits us

We will ship it off

Then

To lands

Unknown to it

Of which we

Are the able artisans

Maria Zaki (Poème extrait du nouveau recueil bilingue « A mon fils » « To my son » traduction de Matthew Brauer, Ed. L’Harmattan, Paru le 26 octobre 2023)

À mon fils / To my son

Dans l’inestimable dimension

Où rayonne l’amour

Malgré les ombres

Sournoises et jalouses

Que le présent nous impose

Je te retrouve de tout temps

 

Je retrouve celui

Que la vie a mené

Loin de moi

Dans les apories

Des chemins

Pour se forger le sien

 

De te suivre

Malgré moi je m’abstiens

Ne te laissant que

Mon invisible présence

Fruit inhérent

À la fuite du temps

 

Souvent je me fais

Violence pour garder

Et sauvegarder

Entre nous

L’indispensable distance

 

Mais je te retrouve

Au fil de mes heures

Aimant et fidèle

À ta place

Dans mon cœur

********************

In the incalculable dimension

Where love shines

Despite the snide

And jealous shadows

The present imposes

I always find you

 

I find the one

Life has led

Away from me

Through the gaps

In our paths

To forge his own

 

Despite myself I decline

To follow you

Leaving only

My invisible presence

The fruit

Of time’s flight

 

Often I harm

Myself to keep

And safekeep

Between us

The indispensable distance

 

But I find you again

While stitching time

Loving and loyal

At your seat

In my heart

 

Maria Zaki (Poème extrait du nouveau recueil bilingue « A mon fils » « To my son » traduction de Matthew Brauer, Ed. L’Harmattan, Paru le 26 octobre 2023)

La vie est comme un livre / Life is like a book

La vie est comme un livre

Dont on tourne les pages

Pour aller de l’avant

Entre les plus lointaines

D’entre elles

Parfois des liens

Peuvent se produire

Alors qu’entre des lignes

Qui se suivent

Le plus contradictoire

Peut se lire

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Life is like a book

Whose pages we turn

To forge ahead

Between the ones

Furthest apart

Sometimes a link

May form

While between one

Line and the next

Complete contradiction

May appear

Maria Zaki (Poème extrait du nouveau recueil bilingue « A mon fils » « To my son » traduction de Matthew Brauer, Ed. L’Harmattan, Paru le 26 octobre 2023)

Au-delà du silence

Au-delà du silence

Les frémissements du poème


Au-delà du langage

Les germes de la pensée


Au-delà du tangible

Les éclats du rêve


Et au-delà de tout

Les doutes invincibles

Du poème

De la pensée

Et du rêve !


Maria Zaki (Soudain les roses pourpres, L’Harmattan 2012).

Le ruisseau coule

Aux confins du silence

Le ruisseau coule

Il barbouille son visage

D’un morceau de ciel

De deux ou trois nuages

Au gré de son humeur


Inutile de préciser

Qu’il ne s’inonde pas

De questions

Sur sa longueur

Sur sa largeur

Ni sur sa profondeur


Maria Zaki (Inédit, 2023).

Boulier compteur

Dans ces impasses du cœur

Ces ruelles des villes

Où la peur de manquer

Toujours se faufile

On ne se déplace guère

Sans son boulier compteur

Mais on peut aller et venir

Sans mots et sans sourires

Juste des calculs précis

Répétés à l’infini

Et de longs soupirs


Maria Zaki (Inédit, 2023).

Qui attend ?

Qui attend à la fenêtre

L’âme en peine

L’œil aux aguets

Un sourire éphémère ?


Qui attend un signe

Sur le quai d’une gare

Pour défaire ses doutes

Et poser ses affaires ?


À l’attente excessive

Qu’on ne sait plus

Interrompre

Le temps retire

Son soutien

Et ses faveurs


Maria Zaki (Inédit, 2023).