ISBN : 9782296127043

L'AMÉNAGEMENT DES FAVELAS : INTÉGRER LES PAUVRES OU INSTITUTIONNALISER LA SÉGRÉGATION URBAINE ?

Rafaël Soares Gonçalves


Les premières favelas de Rio de Janeiro ont vu le jour à la fin du XIXe siècle, mais n'ont été reconnues comme l'un problème urbain majeur qu'à partir des années 1930. Dès lors, elles ont systématiquement été associées à l'illégalité et à la marginalité. L'illégalité urbanistique et foncière des favelas a toujours servi d'excuse au manque d'investissements publics, tant dans la provision de services collectifs que dans l'aménagement urbain de ces espaces, tout cela concourant à la production d'une population dépourvue de droits et de statut social. Considérés comme des envahisseurs, les favelados ne subsistaient chez eux que par le fait d'une politique de tolérance de la part des pouvoirs publics. Cette tolérance ne s'explique que dans le cadre d'une politique populiste qui, tout en maintenant le caractère précaire et provisoire des favelas, cherchait à se légitimer au travers d'interventions ponctuelles et limitées1. Les interventions publiques n'envisageaient d'aucune façon la consolidation des favelas et la législation était forgée de telle manière qu'elle comportait toujours la possibilité juridique de les éradiquer. Les changements politiques des années 19602 ont cependant permis la mise en oeuvre d'une politique d'éradication en masse qui s'est soldée par le déplacement de près de 130 000 personnes dans d'énormes cités en banlieue. Cette politique a essuyé un considérable revers. La ségrégation spatiale s'est accrue et des nouvelles favelas ont vu le jour, notamment en banlieue, au lendemain...