ISBN : 9782296057890

LE VISAGE DÉFIGURÉ DU PEINTRE

Philippe Beucké



Si, pour Lacan, le sinthome c'est nouer les trois registres d'un quatrième qui fasse semblant de nœud pour que le sujet tienne, alors, lorsque le réel dans sa violence envahit la scène, lorsque l'imaginaire se délite, c'est avec le savoir-faire de l'art que peut-être certains trouvent réparation à la défaillance qu'ils ont subi. Un nouage suffisamment efficace pour qu'ils restent vivants, tel est, me semble-t- il, ce qui soutient l'œuvre de trois peintres: Francis Bacon (1902-1992), Zoran Music (1909-2005) et Alberto Giacometti (1901-1966), qui se croisent, s'estiment et côtoient les mêmes critiques d'artI. "Il ne s'agit pas d~expliquer l'art par l'inconscient mais plus d'expliquer l'art par le symptôme ce qui paraît plus sérieux."2 Position que Lacan confirmera dans son Hommage au ravissement de LoI.V. Stein, de Marguerite Duras, en ces termes: "Le seul avantage qu'un psychanalyste ait le droit de prendre de sa position, lui fût-elle reconnue comme telle, c'est de se rappeler avec Freud qu'en sa matière l'artiste toujours le précède et qu'il n'a donc pas à faire le psychologue là où l'artiste lui montre la voie." Que ce soit le portrait raturé d'Alberto Giacometti, le portrait convulsé chez Francis Bacon ou bien le portrait effacé chez Zoran Music, on retrouve un trait commun: l'image, le visage sont atteints.