ISBN : 9782296549647
QUELLE ORGANISATION SOCIALE POUR UNE ÉCONOMIE PATRIMONIALE
Jean-Marie Furt, Christophe Storaï Maîtres de conf
Dans une économie fortement ouverte, certains territoires, en marge des circuits de production classiques vont mettre en avant leurs spécificités, créer ou recréer une authenticité, protéger une identité, pour attirer certaines populations, des entreprises, ou plus simplement s'organiser autour de projets fédérateurs censés leur assurer un nouveau développement. La plupart de ces démarches s'appuient sur la notion de patrimoine. Celle-ci dans son acception courante désigne les "biens que l'on a hérité de ses ascendants"1, mais dans les exemples sur lesquels nous nous arrêterons, les objets patrimoniaux seront examinés sous l'angle des constructions identitaires qu'ils véhiculent. Ils correspondent toujours à une organisation sociale, à une démarche politique dont les visées sont évidemment plus lointaines : l'acte de création ou de recréation permet de réveiller une culture, une différence, voire plus simplement de contribuer à en assurer la transmission. Ces dynamiques ont été longuement analysées (Nora, 1986 ; Davallon, 2002), certaines s'attachant à l'analyse du processus politique de patrimonialisation (Le Goff, 1998), d'autres, croisant souvent cette notion avec celle de territoire, insistent sur son caractère de ressource (Pecqueur, 2007) ou sa valeur économique (Greffe, 1990). L'approche culturelle de la production que l'on retrouve dans ces discours et stratégies n'est pas nouvelle (Weber, 2002...