ISBN : 2738475329
COMMUNAUTÉ DE SANT’EGIDIO ET RUGOVA : UNE STRATÉGIE PARALLÈLE - Entretien avec Mario GIRO
Bernard Ravenel
Après avoir été sous le contrôle de Belgrade, Ibrahim Rugova, a pu quitter la Yougoslavie pour Rome le 5 mai 1999. Ce retour spectaculaire du «Gandhi des Balkans» a été rendu possible par la médiation de la Communauté (catholique) de Sant’Egidio devenue célèbre en France pour son rôle dans la recherche d’une solution politique au drame algérien. Vilipendé par Milosevic et par une partie de l’opposition serbe, non écouté par l’Occident, repoussé par l’UCK, libéré des obsessions ethniques peut-être grâce à son travail en France avec Roland Barthes, Ibrahim Rugova a toujours travaillé pour une solution politique qui puisse sauvegarder à la fois les droits de son peuple et de la personne ainsi que la multiethnicité, tout en demandant l’indépendance mais toujours attentif aux équilibres de la région. Face à l’apartheid imposé par Milosevic, il avait avec son mouvement, la Ligue Démocratique du Kosovo, organisé une société parallèle à travers une résistance non violente à la serbisation de la société albanaise kosovare. Le 22 mars 1998 par des élections semi clandestines, il était réélu président des Kosovars albanais à une écrasante majorité. Aujourd’hui encore Rugova est de loin la plus populaire des personnalités politiques y compris dans les camps de réfugiés (plus de 60% de préférences contre 10% à Hashim Taçi que les Etats-Unis ont installé à la tête de la délégation albanaise à Rambouillet). La libération de Rugova a été le fruit d’une pression internationale mais seule la Communauté de Sant’Egidio s’est rendue directement à Belgrade sur la base de sa connaissance de la situation au Kosovo et des rapports qu’elle entretient avec les parties en conflit depuis plusieurs années. De ces rapports, Mario Giro a été un acteur permanent dès le début, en particulier dans la tentative de reconstituer «par le bas» les éléments d’une coexistence entre les deux «ethnies», concernant les questions cruciales de l’éducation et de la santé. La guerre a bien entendu tout brisé. Mario Giro a bien voulu recevoir Confluences Méditerranée au siège de la Communauté, à Rome.