ISBN : 9782296043114

DERNIER VOYAGE AVANT DE MOURIR

David Vasse



Partir pour ne plus revenir. Se souvenir de Rimbaud et de son "départ dans l'affection et le bruit neufs", à l'image des terres infinies au moment de l'ultime avancée. Prendre le voyage comme l'ensemble des dernières traces du vivant, les dernières sensations dans la chair intégrées. Naître au voyage, par le voyage, et faire peu à peu l'expérience de la disparition le long des routes, jusqu'à ce point au-delà duquel il n'y a justement que l'au-delà. Revenons malgré tout. Revenons au début, aux origines, par exemple à ce train arrivant en gare de la Ciotat, ce train venu du cœur du temps, amenant jusqu'à nous ses voyageurs inconnus, ses voyageurs éphémères, tous dépositaires du cinéma en train de venir au monde. Dieu sait si ce train de la Ciotat, outre son impact émo- tionnel fondateur, offrit une des plus belles métaphores de l'alliance cinéma et voyage. Nombre de créateurs convaincus n'ont pas manqué par la suite de célébrer cette inoubliable apparition à travers des formules régulièrement reprises depuis. On se souvient de Welles comparant le cinéma à un "grand train électrique", à Truffaut qui dans La Nuit américaine, comparait les films à des "trains filant dans la nuit" ou plus récemment Jim Jarmush qui, au début de Dead Man, assimilait clairement la course d'un train à vapeur au fonctionnement d'un appareil de projection grâce à une alternance de plans sur les essieux et les roues du train (le déroulement d'une bobine) et de plans sur les paysages qui défilent à travers la fenêtre-écran (les images projetées).