ENFANTS CACHÉS, ENFANCES DÉVASTÉES

Monique Novodorsqui-Deniau



"J'avais huit ans, c'était en mai 1941. Quand je suis rentré de
l'école, ma mère m'a dit: "On est venu chercher ton père, il a été
emmené." Je ne me souviens pas de ce qu'elle m'a dit, s'il allait
revenir, s'il allait rester longtemps, si on allait l'emmener ailleurs. Je
n'ai aucun souvenir, aucun. Plus tard, un jour, quand je suis rentré de
l'école, la concierge m'attendait au pied de l'immeuble et elle m'a dit:
"Mon petit Paul, ne rentre pas chez toi, on vient de venir chercher ta
mère. Va chez ton grand-père." J'ai pris le métro. Mon grand-père m'a
dit: "Je ne peux pas te garder avec moi parce qu'on va venir me
chercher aussi."