ISBN : 9782296043725

ENTRELACS DIPLOMATIQUES HOULEUX: HAÏTI ET LES GRANDES PUISSANCES ETRANGERES ENTRE 1890 ET 1911

Pascale Berloquin-Chassany



Encore une fois, en cette année du bicentenaire, une perception paradoxale d'Haïti. La perle des Antilles présente aujourd'hui un visage désolant et il convient d'en rechercher les causes. Ces discours dénoncent une dichotomie à tous les niveaux (Noir/Mulâtre, vaudou/catholicisme, ville/campagne) comme s'il n'était guère possible de s'en écarterI. Une autre caractéristique omniprésente m'étonne: la faute en revient systématiquement aux gouvernements corrompus et violents, à l'égoïsme de l'élite politique2. N'assiste-t-on pas à un déploiement énonciatif dénonçant le caractère inadéquat des chefs d'État haïtiens dans leur ensemble? N'est-ce pas réduire à néant l'action de certains d'entre eux qui mirent en œuvre nombre de tactiques pour préserver l'indépendance d'Haïti? Hormis les Pères fondateurs et leur devenir de héros3, une généralisation par la négative me semble excessive. Le contenu des lettres consulaires échangées entre la France et Haïti entre 1890 et 1911 et leur mise en perspective avec la presse nationale laisse entendre au contraire divers efforts gouvernementaux. En fonction des situations nationales et internationales, les chefs d'État haïtiens et leurs différents ministres des Relations extérieures optèrent pour différentes méthodes tout en maintenant leur cap vers une direction commune: la conservation de l'indépendance nationale. Cet objectif nourrit les prises de décision gouvernementales durant les vingt années que j'ai observées. Il s'agit de la dignité d'une jeune nation noire, de sa représentation au sein du concert des grandes puissances.