ISBN : 9782296049246

RÉFLEXIONS DIVERSES SUR UNE LETTRE DE CHARLOTTE DE HARDENBERG À BENJAMIN CONSTANT

Paul Delbouille



La lettre dont nous proposons la lecture, si elle ne porte pas de date, ne peut être, à en en croire les indications fournies par le journal intime de Constant, que du 23 mars 1805. À cette époque, Constant et Charlotte de Hardenberg ont renoué une amitié qui s'était interrompue une dizaine d'années auparavant, en Allemagne, lorsque le jeune Benjamin, marié une première fois, mais malheu- reux en ménage, avait fait la connaissance de celle qui était encore, en raison d'un premier mariage, ~e de Marenholz. Rentré en Suisse après son divorce, puis venu en France dans les bagages de Mme de Staël parce qu'ils rêvaient tous deux de jouer un rôle sous le Direc- toire, Benjamin, après avoir cru que sa carrière politico-littéraire prenait son envol et qu'une union était possible avec la fille de Necker devenue veuve, avait dû déchanter: éjecté du Tribunat dès 1802, brouillé avec Bonaparte avant qu'il devienne Napoléon, vivant difficilement sous l'autre empire qu'exerçait sur lui la dame de Coppet, il était à la recherche d'une vie nouvelle quand, dans le courant de 1804, Charlotte était réapparue, venue en France en compagnie de son second mari, épousé entretemps, le vicomte Du Tertre. Réunis, ces deux êtres qui ne sont plus tout à fait des tourtereaux vont rêver, chacun à leur manière, de renouer les fils de leur ancienne sympathie amoureuse. Ils se revoient un peu par hasard en 1804 et s'écrivent jusqu'en ce début de l'année 1805. M. Du Tertre, bientôt alerté, va évidemment réagir et essayer de se défendre.